A un point donné de la lecture, l’œil s’écarte du texte, de la phrase, du mot, de la lettre, et, aussi bien, du livre, de la page, de la ligne ; il fuit le blanc de la page et se fixe ailleurs ; en retour, muettement ou par des annotations, les “fruits de la médiation” sont réinjectés dans la lecture qui reprend.

Alain Giffard, Is Google… ?

Je crois que les bibliothécaires ont pris conscience qu’ils ne détenaient plus le monopole de la diffusion de la connaissance et qu’ils avaient tout à gagner à s’ouvrir sur le monde. C’est sans doute un topos que de dire cela, mais Internet représente une chance inouïe pour les bibliothèques : elles doivent juste comprendre ce qu’elles peuvent en faire et apprendre à en tirer le meilleur.

Nous vivons une époque où il ne semble plus nécessaire d’apprendre pour savoir et, à l’instar de nombreuses autres actions où l’improvisation irresponsable est la loi – elle se trouve dans toutes les expressions artistiques -, Internet est le lieu où la plus totale ignorance est présentée comme un exemple à suivre. On est en train de mythifier Internet.

José Saramago, Le Magazine littéraire, mars 2010, n° 495