L’intelligence de la vie a mis en nous une cadence que la vitesse a changée. Parce que nous ne voulons pas renoncer à la frénésie, nous nous dotons d’instruments supplémentaires pour la supporter. Et nous voici prolongés de téléphones et d’ordinateurs portables, appendices censés nous faciliter les choses, eux qui nous tiennent par le nombre fou de messages à traiter ou par leur incessante obsolescence. Car nous sommes dans le mythe d’un toujours plus indéfini, sans jamais pouvoir atteindre une satisfaction que nous plaçons de plus en plus haut. Il ne faut pas confondre aptitudes et intelligence. Ce que nous savons faire ne mérite pas toujours d’être fait.

La littérature, comme l’art tout entier, est la preuve que la vie ne suffit pas.

Antonio Tabucchi, citant Pessoa. Relevé dans la Quinzaine littéraire du 16 au 31 juillet 2010