Cela fait une éternité blogosphérique (plus d’un mois) que Marlène m’a tagguée et que je n’ai pas répondu, honte à moi. A ma décharge le fait d’être gênée de parler de mon poste actuel, sachant que beaucoup ignorent encore ma qualité de blogueuse. Je vais donc vous parler de mes journées de magasinier lorsque j’étais magasinier contractuelle dans une belle cité traversée par la Garonne. J’avais été recrutée à la suite d’un stage dans cet établissement effectué pendant ma mémorable année d’IUT. J’ai d’abord travaillé dans une BUFR avant de rejoindre la BU. Malheureusement, je suis incapable de me rappeler précisément le déroulement d’une journée, voici donc un résumé de mes activités de l’époque.
Commençons donc par la BUFR dont je garde un excellent souvenir. Les matinées débutaient par un rituel immuable qui consistait à réveiller les livres en douceur. Tandis que j’allumais les néons, ils s’étiraient les pages pour se préparer à l’assaut qui n’allait pas tarder à avoir lieu. Je branchais les ordinateurs et les photocopieurs, tout en vérifiant que rien de particulier n’avait été oublié la veille, tout cela sous le regard du premier lecteur piaffant pour pouvoir accéder à sa session internet ! Ensuite, il fallait ouvrir le magasin attenant à la salle et allumer sans se tromper d’interrupteurs, ce qui, vu leur nombre, n’était pas une mince affaire. En longeant les compactus pour ce faire, je faisais mes salutations aux vétérans, que l’on appelle communément documents patrimoniaux.
Retour en salle de lecture où, bien souvent, les étudiants attendaient déjà devant le bureau pour des prêts/retours. Je suis toujours admirative de ces gens qui arrivent pour l’ouverture des bibliothèques, chose que je n’ai jamais réussi à faire de ma vie ! Commençait alors le ballet de la douchette, « Bonjour, … carte…. ? » BIP ! « C’est jusqu’au …. » TUUUUT ! Vous avez du retard…. Si ! Je vous assure ! BIP ! Pendant ce temps, la salle se remplissait et devenait bruyante, au grand désespoir de la bibliothécaire à chignon que je peux être 😉
Quand plus personne ne stationnait devant la banque de prêt, il fallait vite en profiter pour redresser les rayonnages dévastés, ramasser les blessés tombés derrière la ligne de front et les disposer bien droit pour la prochaine salve d’emprunts. J’exagère un tantinet mais la métaphore a filé sur le clavier sans que je m’en aperçoive.
De nombreux documents se trouvant dans le magasin, il n’était pas rare d’être obligé de faire l’aller-retour pour les communiquer. Outre le fait que votre rédactrice ait failli écraser un de ses collègues dans les compactus (c’est un risque du métier que l’on ne prend pas assez en compte à mon sens ;-)), elle appréciait grandement le fait d’aller fréquemment dans les collections. Cela lui permit d’avoir une bonne connaissance du fonds assez rapidement. Le catalogue, si bien fait soit-il, ne donne souvent qu’un aperçu, par le prisme d’une requête. Toutefois, cette perception panoramique du fonds n’est possible que dans un établissement au nombre de documents limités, cela va de soi.
Lorsque venait le moment de ranger un plein chariot, j’étais ravie de me soustraire à la salle pour aller dans les livres, passer un moment avec eux et butiner… J’adore toujours autant aller en magasin et j’y passerai bien des heures si je le pouvais, non pas pour lire mais parce que je suis toujours autant émerveillée que de petits codes alpha-numériques contribuent à créer une véritable architecture.
L’après-midi, la monitrice étudiante prenait le relais à la banque de prêt. Une fois le courrier passé, je m’occupais du bulletinage et de la mise des périodiques sur les présentoirs. Et puis venaient les sessions catalogage ou rétroconversion parce que j’ai eu la chance d’avoir une responsable qui a pris le temps de me former à WiniBW. « che aut », « che mti » n’avaient donc plus de secrets pour moi.
J’ai beaucoup aimé cette bibliothèque à taille humaine où les contacts avec les usagers étaient très privilégiés. Nous avions le temps de d’aller avec eux sur les postes public pour leur expliquer le maniement des catalogues et les méthodes de la recherche documentaire en général. Nous avions des questions aussi fraîches que « en magasin ?! Mais je dois l’acheter alors ! »
La soir, quand approchait l’heure de fermer, il fallait clamer d’un voix de stentor que l’on allait arrêter le prêt puis, une fois, enregistré tous les emprunts des retardataires, recommencer le ballet du matin, à l’envers. Eteindre les postes, les néons et la cafetière des collègues, puis fermer le magasin et dire aux vétérans que l’on reviendrait demain, en leur recommandant d’être bien sages.
Malheureusement, les bonnes choses ont une fin et j’ai par la suite rejoint la BU. Dans cet établissement aussi, je me suis trouvée très bien. Toutefois, sa taille et le nombre d’usagers qui le fréquentaient faisaient que l’on ne pouvait pas consacrer à chacun que peu de temps. A la BU, quand on se trouvait au prêt/retour, on effectuait véritablement du travail à la chaîne et garder le sourire à cette cadence était parfois difficile, surtout à la fin de la plage de service public. Quand on était « à la comm », la balade en magasin prenait des allures de marathon. Il fallait cavaler dans les étages de la tour, bien souvent descendre des rayonnages situés près des cimes des thèses obèses. J’ai acquis de ces périples une certitude : je suis trop petite pour ce métier ! Quand on revenait à la banque de prêt pour communiquer ces documents, un nombre tout aussi conséquent de demandes attendait déjà. On donnait la fournée précédente et on repartait aussitôt.
A cette période-là, j’ai également travaillé au service du PEB (prêt entre bibliothèques). Le PEB est un microcosme au sein de la bibliothèque. Quand d’aventure on arrivait le premier dans le bureau, le collègue qui vous rejoignait s’écriait : « tu as fait sel rec nou ? » Dans le langage de WiniBW (Wini pour les intimes, WiniB pour les moins affectueux), cela signifie que l’on a interrogé le SU-PEB (système universitaire de prêt entre bibliothèques) pour vérifier si d’autres bibliothèques ont demandé un prêt de nos documents, ce qui ne manque jamais. La journée commençait par l’édition puis l’impression des formulaires qu’il fallait séparer en deux tas (celui concernant les documents à expédier et celui avec les demandes de photocopies) après quoi, muni de ces liasses, les magasiniers se disséminaient dans la bibliothèque pour aller chercher les documents. D’aucuns s’attelaient aux photocopies tandis que d’autres revenaient porter les livres au bureau pour leur traitement. Il fallait enregistrer les prêts dans le SIGB, faire les réponses dans le SU-PEB pour prévenir la bibliothèque demandeuse que sa requête avait été satisfaite et faire ainsi en sorte que la demande ne soit pas envoyée à d’autres établissements. Puis venaient le moment de remplir les bordereaux d’expédition avant de déposer les documents sur une table où quelqu’un les mettrait par la suite en paquets. L’après-midi, après le passage du courrier, nous nous attelions à défaire les colis acheminant nos propres demandes. Là encore, il fallait compulser force fichiers pour retrouver les formulaires adéquats et prévenir les lecteurs que leurs documents se trouvaient à leur disposition. Toute la journée, d’ailleurs, en parallèle à ses activités, nous répondions aux questions des lecteurs, récupérions leurs fiches de demandes, les recevions quand ils venaient retirer et payer leurs documents. Toujours dans l’après-midi, nous refaisions régulièrement « sel rec nou » pour réceptionner les nouvelles demandes et tenter de les expédier avant le départ du courrier.
Le PEB est un service en flux tendu dans lequel, lorsque l’organisation est parfaitement rodée (et elle l’était), il est fort intéressant de travailler. On y accomplit certes des tâches très techniques, assez répétitives, mais on peut aussi être amené à effectuer des enquêtes passionnantes à la recherche de documents ne se trouvant que dans quelques établissements étrangers.
Pendant ces quelques mois, j’ai appris que les magasiniers souffrent du dos et sont sujets aux tendinites, j’ai été rappelée à l’ordre quand je soulevais trop de poids, j’ai appris à manier un chariot comme personne, suis devenue le lucky-luke de la photocopie et j’ai passé beaucoup de temps dans les rayons. Je regrette parfois ce temps où j’étais proche des lecteurs et des collections. Pourtant, aujourd’hui, mon nouveau poste m’apporte beaucoup d’autres choses mais c’est une autre histoire, dont je reparlerai peut-être un jour.
Vous noterez également, fins lecteurs que vous êtes, que mes journées étaient très 1.0, elles le sont encore aujourd’hui. Je parvenais à faire de la veille à la BUFR quand je n’étais pas astreinte au prêt mais cela m’était presque impossible à la BU, à mon grand désespoir. Comme quoi ce que l’on porte n’est pas forcément ce que l’on vit. Dernière précision, enfin, je vous parle d’un curieux temps où je connaissais pas twitter, les initiés me comprendront 😉
Et pour les inquiets : j’ai aussi bu du thé, mangé des en-cas et découvert l’existence de tasses isothermes !
Comme ceci est une chaîne, je me dois de refiler le bébé ! Les nommés sont :
– Risu qui se trouve être en stage dans un endroit qui nous intrigue tous,
– Nicomo qui a un travail tout nouveau dont j’aimerais savoir un peu plus,
– Sophie quand elle sera rentrée de vacances !
Je le crois pas, comment t’es 1.0 ! Incroyable 😉
Et puis quoi encore, je ne vais pas me couvrir de cendres non plus ! Fais attention, je n’ai toujours pas posté tes devoirs de vacances…. ceci est une menace voilée 😉
Pas d’allusion au rinçage d’oeil entre deux tasses de thé ! Tu faisais pas ? C’est notre mauvaise influence peut-être ?
PS : j’arrive pas à m’inscrire sur twitter 🙁
Plaît-il ? C’était un temps où je n’avais pas de conjonctivite 😉
Twitter buggue souvent, c’est sans doute le cas aujourd’hui.