De mes années de vie dans le Pacifique, j’ai retenu deux choses que je souhaiterais pouvoir appliquer dans ma vie professionnelle.
En Mélanésie, l’individu n’existe pas. Tout se trouve organisé selon une structure communautaire et cette abstraction de soi donne lieu à un mode de vie différent du nôtre dont nous gagnerions, je le crois, à nous inspirer un peu dans le travail. Quoi de plus rageant, en effet, de s’entendre rétorquer dans un quelconque service public qu’on ne peut pas vous renseigner parce que la personne compétente ne se trouve point dans les locaux ? Amusez-vous à demander ce qu’il adviendra si ladite personne ne revient pas et vous mesurerez le désarroi de votre interlocuteur. Personnellement, je me répète fréquemment que je ne suis pas indispensable ; ce n’est pas une mise en retrait, simplement une manière de penser à un fonctionnement en équipe, d’aller contre un individualisme peu productif.
Ce qui ponctue également le rythme de vie océanien, ce sont les cyclones. D’eux aussi nous avons beaucoup à apprendre. Ils empêchent toute véritable projection dans la durée car leurs passages destructeurs mettent à plat ce que l’on a échafaudé pendant de longs mois. De là, finalement, dans le Pacifique, une moindre hostilité au changement. Dans la vie professionnelle non plus, nous ne sommes pas à l’abri de cyclones. Qu’importe, après leur passage, le soleil brille de nouveau ; tout est à refaire, certes, mais en mieux.
A ces deux principes que je fais miens, je voudrais évoquer également l’aspiration que j’ai à être un passeur. Cette notion a été superbement expliquée dans un billet des Petites cases, et remarquablement complétée par Manue en commentaire.
Transmettre, mettre à portée, veiller, être, en somme, une vigie. Voilà pour la théorie. Au quotidien, je rêverais d’avoir la tempérance que j’affecte sur ce blog…