Petits extraits de mon mémoire de DUT de façon à mettre en avant une littérature que je regrette de voir si mal connue… Je n’ai pas recréé tous les liens dans cette série de billets mais vous pouvez consulter le del.icio.us que j’avais alimenté à l’occasion du mémoire.
La littérature de Nouvelle-Calédonie est le fruit d’une histoire complexe. Elle est forte des influences d’un monde mélanésien traditionnellement fondé sur l’oralité ainsi que des écrits des premiers explorateurs occidentaux.
La tradition orale kanak
La Nouvelle-Calédonie est un lieu de tradition orale. Les premières légendes, les mythes originels se sont donc transmis par des procédés mnémoniques que n’ont pas manqué de remarquer les premiers Européens arrivés dans l’archipel. Rapidement, les missionnaires commencent à collecter les récits mélanésiens. En effet, « un peuple sans écriture n’est pas un peuple sans histoire ni littérature1 ». Leurs transcriptions ne vont pas sans difficultés car, outre les problèmes de traduction, ils se heurtent également au passage de l’oral à l’écrit. Toutefois, ces documents constituent les premiers témoignages des légendes mélanésiennes. Viendront s’y ajouter, dès les années 1930, les transcriptions plus fidèles des ethnologues. La tradition orale kanak a en partie posé les fondements de la littérature calédonienne d’aujourd’hui.
Les écrits des Occidentaux
Les premiers explorateurs européens rendent tôt compte de leurs voyages. Si ces récits de voyage décrivent le pays découvert, ils évoquent tout autant le voyageur lui-même qui rédige selon sa propre perception, influencé par ses codes socio-culturels. « L’Européen se crée donc une image océanienne faite pour répondre à sa vision occidentale »2. Ce type de textes n’appartient pas à proprement parler à la production calédonienne et reste une littérature à propos de la Nouvelle-Calédonie. Le navigateur James Cook et Jules Garnier, le géologue qui a donné son nom à la garniérite, font partie des narrateurs les plus connus de cette période. Les bagnards décrivent également cette île sur laquelle ils sont retenus prisonniers. L’homme politique et journaliste Henri Rochefort, déporté en 1871, rend compte ainsi de son expérience du bagne dans un roman acerbe. De même, Louise Michel évoque dans ses écrits ses années de captivité sur l’île Nou. Par ailleurs, dans certains textes de Francis Carco, né à Nouméa sous le nom de Carcopino, apparaissent des descriptions de la pègre parisienne. Les personnages campés ne sont pas sans rappeler les bagnards que l’auteur a cotoyés dans ses jeunes années.
Au XXe siècle, le pasteur Maurice Leenhardt, également ethnologue, n’aura de cesse de décrire le monde mélanésien avec une grande rigueur scientifique. Ses textes participent à faire connaître la culture kanak, dont il est un ardent défenseur.
1 In François BOGLIOLO, Paroles et Ecritures, Anthologie de la littérature néo-calédonienne. Nouméa : éd. du Cagou, 1994, p. 7.
2 In François BOGLIOLO, op.cit., p. 63.