Récemment, j’ai coupé toutes les sonneries et autres BIP qui retentissaient sur mon PC. J’avais déjà tendance à rendre muet le téléphone pendant que je lisais, j’agirai désormais de même pour les mails, les twits et tout ce qui peut hacher mon travail ou ma lecture. Oh, je sais, certains vont me reprocher mon asociabilité mais qu’importe. Je n’en peux plus d’avoir la pensée qui saute, d’être en permanence interrompue par des technologies qui ne sont que trop intrusives. Il fut un temps où je n’avais que du bas débit et où je n’ouvrais mon PC que deux fois par semaine. Je le regrette parfois. A cette époque, je prenais le temps de lire tranquillement, de laisser mûrir mes réflexions avant toute publication. Lorsque je dégottais une idée, un outil intéressants, j’y repensais quelques jours avant d’en parler. Passé ce moment de décantation, je pouvais livrer une analyse.
J’écrivais toujours mes billets à la main, sur un carnet que je raturais avec patience. Je couchais le texte sur la page de droite, la page de gauche étant réservée aux multiples ajouts et corrections qui viendraient l’amender par la suite. Je laissais ce brouillon reposer encore avant de le saisir. Là commençait alors une nouvelle phase de reprise du texte initial, dictionnaire des synonymes à l’appui. Venait alors une seconde étape de recherches sur le net pour créer les liens et enrichir davantage le billet. La note ainsi rédigée était ensuite entreposée dans un dossier « A publier ». Elle était de nouveau tamisée, relue au moment de la mise en ligne afin qu’il n’y restât pas un mot de trop, pas un mot de travers.
Aujourd’hui, il m’arrive bien souvent de repérer une information au creux de la nuit, lorsque je suis trop ensommeillée pour poster un billet, et de la voir déjà signalée le lendemain quand je pose le pied par terre. Aujourd’hui, la blogosphère va vite, très vite. Parfois trop à mon goût.
Les nouveaux outils pullulent et j’ai souvent la désagréable impression de passer plus de temps à les essayer qu’à profiter vraiment de leurs innovations. Je ressens la sensation d’être passée de la culture de l’information à un technocentrisme débridé (voir Le Guide des égarés), d’avoir délaissé le contenu pour le contenant. Pourtant, la technique ne devrait pas être une fin en soi mais un simple adjuvant.
J’ai bien conscience que cette course effrénée ne s’arrêtera pas, cependant. Je ne la condamne pas, étant souvent très heureuse d’utiliser des petites merveilles de technologies. Simplement, il me prend de plus en plus souvent l’envie de laisser doubler le peloton, de m’arrêter au bord du chemin pour cueillir une fleur ou taquiner un insecte du bout d’un brin d’herbe. Mais comment rattraper alors la troupe lancée à vive allure ? Je n’en finis pas de déplorer la fuite du temps et cela me désole.
Ce sera le billet chagrin de l’automne, il en faut !
Deux Trois petits liens qui mettent du baume au coeur :
– Traiter l’actualité à froid apporte un plus à vos articles
– Pour des technologies lentes, Stefan Agamanolis
J’ajoute un excellent billet de Mediamus, qui a eu dix fois raison de le citer en commentaire 🙂
Cette réflexion m’évoque une conférence de David Levy intitulée « No time to think » dont j’ai essayé de faire sinon une transcription, du moins un compte-rendu : http://mediamus.blogspot.com/2008/03/no-time-to-think-une-confrence-de-david.html
Nicolas, perdu dans son google reader et qui n’a plus que 600 articles à parcourir avant demain ! 🙂
@ Nicolas : merci pour ce lien 🙂 Perdu dans ton agrégateur ?? Je ne vois pas ce que ça veut dire, moi qui n’avais même pas repéré cet excellent billet….
Et la merveilleuse mélodie du 56k qui lance douloureusement la connexion internet aah