Quelques notes prises au cours d’une JE organisée par Mediadix à Paris 10 le 26 mai dernier.
Une 2e journée sur la même thématique aura lieu le 9 décembre 2011 à Saint-Cloud : La bibliothèque 3e lieu.
La problématique et les enjeux des learning centres aujourd’hui, Pierre Carbone
Variété des réalisations dans les learning centres.
En France, on ne peut nier un effet de mode d’une appellation de plus en plus répandue : on ne veut plus construire des BU mais des learning centres, de la même façon qu’on voulait seulement construire des médiathèques en territoriale.
Les premiers learning centres apparaissent dans les années 1990 aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.
Définition : il s’agit d’un lieu architectural intégrant un ensemble de ressources et de services également accessibles à distance, dont la bibliothèque.
Les idea stores et les learning centres participent du même mouvement de changement des bibliothèques. C’est également dans la même mouvance que s’inscrivent les bibliothèques 3e lieu : la bibliothèque s’affirme comme un des lieux les plus fréquentés, donc comme un des lieux de vie sociale les plus importants.
Une définition ISO 11219 est encore en cours d’élaboration : « zone de la bibliothèque dédiée aux objectifs d’apprentissage des connaissances. Intègre le plus souvent la bibliothèque et les services liés aux nouvelles technologies (avec réseau sans fil, équipements multimédia et des services d’aide aux utilisateurs par des bibliothécaires ou des spécialistes des technologies). […] Équipement distinct à intérieur ou à l’extérieur de la bib, ou une partie intégrante de la bibliothèque. »
Histoire : en Amérique du Nord, dès les années 1980, on parle d’Information commons, c’est-à-dire d’un environnement partagé où la communauté universitaire peut se rassembler pour accéder à une grande variété d’information. Très tôt, on pense à mutualiser dans le même lieu les fonctions de la bibliothèque et les services d’accès aux TIC.
Au Canada, on distingue Information commons (bibliothèque et services d’information étendus) et Learning commons (regroupement d’un ensemble de services de soutien en plus des services de nature technologique : soutien à l’apprentissage, à l’enseignement).
En 1996, à Sheffield Hallam, Graham Bullpitt conçoit le premier véritable learning centre. Trois concepts : teaching (enseigner), learning (apprendre), training (s’exercer). Dans le même lieu, le learning centre concentre des ressources documentaires physiques et virtuelles, des ressources technologiques, des services de soutien aux étudiants et une aide aux enseignants dans leur production pédagogique. Le point commun à toutes ces activités est d’être en réseau. Il s’agit enfin de réaliser une fusion entre pédagogie et documentation, ce qui nécessite différentes compétences pour les équipes.
Facteurs déclenchants : la révolution technologique dans les années 80/90, la diffusion de l’internet (digital natives), la massification de l’enseignement supérieur depuis les années 1980 et l’individualisation des parcours sont quelques-unes des causes qui ont présidé à la conception de ces nouveaux lieux. Depuis la fin des années 1990, la mondialisation de l’enseignement supérieur et de la recherche a rendu nécessaire le fait de disposer d’espaces à la mesure de ces ambitions. Parallèlement, l’émergence de la société de l’information obligeait à acquérir des compétences nouvelles. Enfin, le développement de nouvelles pratiques pédagogiques comme le e-learning amenait à repenser les services offerts.
En France, émergence du concept : le rapport de Suzanne Jouguelet, « Les Learning centres : un modèle international de bibliothèque intégrée à l’enseignement et à la recherche » a contribué à faire connaître ces nouveaux espaces d’apprentissage en France.
Aucune traduction pertinente n’a encore été trouvé pour le terme learning centre : au Québec, on parle de « carrefour de l’apprentissage » ou de « carrefour de l’information et de l’apprentissage ». Suzanne Jouguelet, inspectrice générale auteure d’un rapport sur le sujet, a proposé « centre de ressources pour l’information et la recherche ».
Contexte français : dès les années 2000, une réflexion sur l’avenir des BU est menée et il ressort un fort intérêt pour des modèles étrangers. A l’étranger, depuis déjà quinze ans, des réalisations innovantes ont vu le jour (Sheffield Hallam en 1996, Kingston, …)
Il s’agit d’améliorer la place des universités françaises dans les classements internationaux. Par ailleurs, l’objectif est que 50% d’une classe d’âge réussisse en licence. Dès lors, l’accompagnement dans les études s’avère indispensable.
La CPU a conduit une étude sur les learning centres qui sera publiée dans le « Guide de l’université du numérique à l’attention des décideurs ».
Missions multiples dans un lieu très accessible : il s’agit de concentrer en un même endroit tous les services dont les étudiants ont besoin : documentation, apprentissage des technologies avec assistance (création de supports d’exposés, etc.), soutien (aide à la rédaction, …), services sociaux et d’orientation (aide sociale, choix de formations, conseils financiers), services culturels (expositions, animations…), actions pédagogiques liées à la formation (mise en ligne des cours). Pour l’étudiant comme pour l’enseignant, le guichet de renseignement est unique et il sera dirigé vers un expert du domaine si sa demande est plus poussée. A Saltire, par exemple, les missions du learning centre sont extrêmement variées.
Fonctionnement orienté vers l’usager : la lisibilité des espaces et des services est soignée. L’amplitude d’ouverture est extrêmement large, notamment dans les pays anglo-saxons. Ce n’est pas le cas dans tous les pays : aux Pays-Bas par exemple, les learning centres ont des horaires plus restreints car les habitudes sont différentes et les étudiants plus casaniers.
Les services sont évalués très régulièrement, à raison d’au moins une enquête par an. Les résultats sont communiqués aux usagers.
Enfin, un très fort investissement est fait pour que l’ensemble du personnel soit qualifié. Chacun est formé à répondre à toutes les demandes que peuvent faire les usagers. Si des experts existent dans les domaines pointus, l’accent est mis sur le fait que tout membre du personnel doit pouvoir apporter une aide immédiate aux usagers. Par ailleurs, des partenariats entre enseignants, bibliothécaires et informaticiens sont à l’œuvre.
Usagers des learning centres : les learning centres qui existent actuellement sont essentiellement situés dans des universités ou des écoles avec des filières professionnelles. Certains, plus rares, se destinent également aux chercheurs (searching centres), parfois au grand public.
Flexibilité des projets architecturaux : les learning centres doivent leur réussite à la différenciation des espaces et des mobiliers selon les modes de travail, qu’ils soient individuels ou en groupes. Les zones de silence existent, de même que des espaces de convivialité et des cafés.
Moyens financiers : ils sont très importants. A Kingston, le budget de fonctionnement est de 16,5 millions d’euros, dont 50% pour le personnel. A Barcelone, le CRAI dépense 17 millions d’euros.
L’investissement au Saltire a été de 25,7 millions d’euros et de 85 millions d’euros au Rolex de Lausanne.
Critères d’identification : l’objectif premier est la réussite des étudiants. Il faut apporter un soutien à l’acquisition des connaissances dans une vision fusionnée de l’enseignement et de la documentation. L’offre de services est élargie et intégrée en un lieu unique, à la fois physique et virtuel. L’organisation doit être efficace et réactive. De même les services d’accueil sont mutualisés en un guichet unique.
Le learning centre est un outil stratégique au service de l’établissement : les bibliothécaires ne travaillent plus seuls mais avec les décideurs.
Volet pédagogique : les étudiants profitent de formes d’apprentissage variées et d’un soutien permanent. L’évolution de leurs comportements d’apprentissage est prise en compte pour leur offrir une aide documentaire et pédagogique adaptée.
Les enseignants-chercheurs, eux, bénéficient d’une aide à la production de documents pédagogiques et de contenus multimédias. Les learning centres encouragent aussi les formes d’innovation pédagogiques, cela en cohérence avec la stratégie numérique de l’université.
Les projets :
Portage et pilotage : nombreux acteurs (bibliothèques, CRI, TICE, multimédia, pédagogie et vie de l’étudiant, patrimoine, CROUS, collectivités territoriales, etc).
Un équilibre à trouver pour chaque projet : il faut dégager un socle commun avec un noyau de services.
Modèles d’organisation variables : la gestion peut être séparée entre BU, TICE et SUIO, d’autres structures privilégient les partenariats entre les services ou intègrent tous les services.
Personnels : leurs compétences sont très diverses puisque des métiers différents sont réunis. Les bibliothécaires sont intégrés dans les équipes pédago (cf. les Information specialists anglo-saxons).
Mises en œuvre en France : Lille 1 et 3, Montpellier (ATRIUM : Accueil, Travail autonome, Ressources doc et Informatiques de l’Université de Montpellier), Mulhouse, Poitiers, Paris condorcet, Paris 3, 5, 6, Agoratech (Saclay).
Financements : contrats état/région, plan campus. Montages : maîtrise d’ouvrage publique ou PPP (intégration des coûts de fonctionnement dans le loyer sur 25 à 30 ans).
Conclusion
Les learning centres sont des lieux et des services qui résultent d’une fusion entre documentation, enseignement et recherche, où a été créée une synergie entre documentation, TICE, vie culturelle et sociale. Flexibilité et polyvalence en sont les maîtres mots, de même que guichet unique. Soucieux d’une grande qualité architecturale dédiée à la fois au travail et au confort, les learning centres valorisent l’ouverture et la convivialité. Finalement, d’un modèle fournisseur-client qu’était la bibliothèque, ils tendent vers un modèle collaboratif. Il s’agit d’enseigner autrement, d’étudier autrement et de chercher autrement.
Questions
Des participants mettent l’accent sur le fait que la difficulté française est grande car les services de TICE et les bibliothèques travaillent complètement séparément.
Comment mène-t-on un projet de learning centre ? Exemples et méthodes, Marie-Françoise Bisbrouck
Kingston : chaque étudiant y fait une centaine de visites par an. 40% des étudiants y viennent tous les jours. Un million de prêts par an sont faits auprès des 20000 étudiants.
Le prêt est automatisé et le personnel libéré pour d’autres tâches, plus gratifiantes.
Le learning centre est conçu comme un lieu servant un modèle d’apprentissage autonome.
Le bâtiment est flexible : il mêle des espaces silencieux où on peut travailler d’une manière traditionnelle et des espaces de travail en groupe.
Une enquête de satisfaction est menée annuellement auprès des étudiants et des enseignants-chercheurs.
Une part énorme est donnée aux accès informatiques et les espaces mis à la disposition des utilisateurs sont très vastes
Kingston en chiffres : 4300 m2. 700 places. 200 ordis. Collections imprimées en libre accès : 100.000 documents. Ouverture en janvier 2008. 40 ETP. Ouverture 24h/24h la moitié de l’année universitaire.
Glasgow Caledonian Saltire center : le centre accueil ses usagers par un panneau de bienvenue à l’entrée. Le lieu bénéficie d’une volumétrie énorme qui donne sur un atrium et sa signalétique est excellente. Le prêt/retour est automatisé. Contrairement aux idées reçues, il y a des livres ! Près de 300.000 documents sont en libre accès.
Les usagers disposent de tableaux interactifs. Ils peuvent travailler dans des espaces individuels et parfaitement silencieux s’ils le souhaitent ou rejoindre des zones de travail en groupe. Des « igloos » sont disposés dans le bâtiment : ils servent à se retirer pour les travaux en groupe mais aussi pour que le personnel puisse accueillir un étudiant et l’aider dans son travail.
C’est une des clés du succès des learning centres : on peut à la fois y travailler en groupe et s’isoler dans le silence.
Saltire possède un guichet unique : les étudiants ont face à eux une série de membres du personnel de l’université (services sociaux, erasmus, bib, etc.). Ils n’ont qu’un seul point où demander des informations.
Une cafétéria, le learning café, est à la disposition des usagers.
Rolex learning centre : il concentre une association étudiante, une banque, une librairie, les presses universitaires, un forum de 400 places et la bibliothèque (entre 6000 et 7000 m²). Des igloos où on peut regarder tranquillement des ouvrages de la librairie sont présents.
La bibliothèque est installée sur de larges plateaux de lecture.
David Aymonin explique que l’équipe de 40 collaborateurs assure l’accueil à deux guichets de 8 à 20h. En dehors de ces horaires, 30 moniteurs étudiants sont présents. L’équipe informatique pour la bibliothèque est réduite à 2,5 ETP mais elle s’appuie en permanence sur les collaborateurs des services informatiques de l’école (85 ETP !). L’informatique est une des clés des learning centres.
Delft, université de technologie : de nombreuses salles de travail en groupe sont disponibles. Le mobilier est sur roulettes. Les livres y sont présents, sur un immense mur. Là encore, un guichet unique permet de concentrer tous les services nécessaires l’usager. Le renseignement se fait côte à côte et non plus face à face.
Devise : create, educate, innovate.
Comment mener un projet de learning centre ? Comme on mène un projet de bibliothèque, sur plusieurs années. Il faut remettre en cause des idées reçues et avoir le goût de l’innovation. Enfin, il ne faut jamais céder du terrain sur le confort de l’accueil des usagers.
Un learning centre ne peut se développer pleinement au sein d’une université que s’il est porté par toute la communauté universitaire, c’est-à-dire la BU et les autres services.
Construire un learning centre, c’est construire une identité fédératrice au sein du campus : fédératrice des idées, des services et des métiers.
Il faut travailler en relation très étroite avec des partenaires « naturels » qui sont les enseignants-chercheurs, quitte à aller les chercher par la main.
Enfin, il est indispensable de développer des relations avec d’autres services : presses universitaires, bourses, scolarité, échanges d’étudiants. Même chose avec les services qui travaillent ou qui ont des contacts avec les entreprises locales. Enfin, il faut collaborer avec la DSI.
Le learning centre est à la fois destiné aux étudiants et enseignants-chercheurs, à la communauté universitaire dans son ensemble et à la formation tout au long de la vie. Son but devrait ête d’essayer d’éloigner le plus possible les particularismes.
La réussite des learning centres comme Kingston réside dans fédération des services. De plus, ils connaissent le succès car ils sont centraux dans les villes et sont desservis par des transports en commun de nuit.
Pour les bibliothèques, il faut s’atteler à faire comprendre aux universités ce qu’est un learning centre, notamment en emmenant tous les services de l’université concernés dans un learning centre. Concevoir le learning centre doit se faire très en amont, bien avant le projet architectural.
Le projet architectural doit intégrer la coexistence d’espaces de bruit et d’espaces silencieux : il faut traiter le bruit (insonorisation du bâtiment) pour que les groupes puissent travailler à quelques mètres sans se gêner.
Le learning center de l’ESSEC, Françoise Cousseau
L’ESSEC est présente à Cergy, La Défense et Singapour. 5200 étudiants dont 32% étrangers y sont inscrits. A cela s’ajoutent 6600 cadres en formation continue. Ils sont encadrés par 135 professeurs et 600 personnels administratifs.
Le learning centre est ouvert depuis 2008. 23 personnes y travailllent. L’accompagnement des utilisateurs est assuré par une équipe d’une vingtaine de professionnels des métiers de bibliothèque et de l’ingénierie pédagogique. http://learningcenter.essec.fr/
Missions :
Les missions de la bibliothèque ont été très largement élargies.
Le directeur du pôle d’information est très impliqué pour tout ce qui concerne la pédagogie.
Dès que les étudiants arrivent à l’ESSEC, ils ont une formation au fonctionnement du learning center : on leur présente le portail MyESSEC learning center (trouver des livres, des articles, e-ressources, e-learning), la plateforme de cours en ligne (support, remise de travaux), la suite Google apps dont ils bénéficient, ainsi que l’annuaire ESSEC.
Métiers : pour les bibliothécaires et documentalistes, il s’agit toujours d’acquérir et de diffuser du contenu. Est aussi acheté du matériel pédagogique et de recherche : livres, périodiques, e-ressources, etc. Tous les services qui veulent acheter des ressources sont obligés de passer par le learning centre ! Les procédures sont formalisées pour cela.
Les services classiques perdurent : prêter les documents, former à la recherche documentaire et conseiller les usagers. L’accent est mis sur l’animation des espaces (expositions et événements).
La formation aux outils collaboratifs et aux ressources documentaires est fortement développé. Les équipes du learning centre sont elles-mêmes formées aux expertises métiers : il y a des experts dans chaque domaine mais chaque membre du personnel doit être capable de connaître et de promouvoir l’ensemble des ressources du learning center.
Enfin, il s’agit de recommander et d’accompagner la mise en place de dispositifs collaboratifs pour le personnel de l’ESSEC.
250 ateliers de formation ont lieu dans l’année : au préalable, les formateurs sont formés.
Le portail de l’ESSEC est systématiquement présenté aux étudiants à leur arrivée. D’autres formations thématiques sont mises en place, par exemple, « Comment préparer les travaux à rendre ? » (Accès aux supports de cours, techniques de rédaction, …).
Animation et ingénierie pédagogique : elle consiste dans le fait de concevoir des dispositifs pédagogiques, de participer à l’animation pédagogique, d’assurer le soutien méthodologique. Il s’agit aussi d’accompagner les professeurs pour le dépôt des cours, de soutenir le travail collaboratif en ligne, enfin de capitaliser et valoriser les ressources récupérées.
Innovation et pédagogie : les projets pilotes débutent toujours avec des petits groupes puis ils sont poursuivis par une large diffusion s’ils rencontrent le succès.
Un exemple : projet pilote iCampus avec ipad. Distribution d’ipad pour voir comment les étudiants peuvent bénéficier de ce nouveau type d’outil. Déploiement : 200 personnes, dont un master. Sur la tablette, on peut accéder aux bases de données du learning centre, regarder des vidéos, lire les cours en ligne et des ebooks. Essec apps (google) y est installé, de même qu’une plateforme de dialogue (blogs).
L’ESSEC ne développe pas d’outils en interne : des outils très performants existent sur le marché et le gain de temps n’est pas négligeable.
L’équipe du learning centre rencontre un problème avec les ebooks : l’offre est trop peu développée et ils ne trouvent pas souvent les ebooks dont les usagers ont besoin. De surcroit, les modèles économiques ne sont pas adaptés. Ils tentent de faire pression sur les éditeurs.
A l’heure actuelle, les étudiants évoluent beaucoup plus vite les enseignants. Le learning center doit être proactif pour accompagner cette évolution et former les enseignants aux nouveaux outils.
Ouverture : 9-22h. Totalité des services de 9h à 18h. Arrêt du service de conseil pédagogique à 20h. Les ingénieurs pédagogiques[1] sont disponibles sur rendez-vous. Tout le rangement et l’équipement est assuré par des moniteurs-étudiants. L’équipe de titulaires est là pour valoriser les services et pour l’accueil.
Polyvalence de l’équipe : certaines documentalistes sont devenues conseillères pédagogiques. Presque tout le monde a un binôme, pas au niveau expert, mais pour les questions de premier niveau.
Débat
Marie-Françoise Bisbrouck : il n’y a pas si longtemps encore, certaines universités comme la Sorbonne n’avait que 25% seulement de réussite à la fin de la première année. Il est primordial de concevoir un accompagnement des étudiants.
Bibliothèques universitaires et learning centres à l’étranger : elles fonctionnent avec beaucoup moins de personnel qu’en France mais elles sont beaucoup plus ouvertes. Le personnel est dégagé de travaux (prêts/retours) au bénéfice d’une avancée directe vers le public.
Un learning centre à Nanterre ? Aline Rocchia et Olivier Mabille
31000 étudiants et 1120 enseignants.
Documenntation électronique : 660.000 euros, 80 bases de données.
Bâtiment ancien, pas d’espaces flexibles ni d’espaces de convivialité.
Pourquoi un learning centre ? On observe de nouveaux comportements des étudiantes et une forte émergence du numérique. Il est de plus nécessaire de renouveler les conditions d’accueil et de rénover les locaux. Il faut aussi réorganiser les collections mais aussi le travail.
Comment ? Saisir les opportunités (projets de l’université et schémas directeurs du service informatique).
Enquête auprès des étudiants : ressortent de nombreux besoins dont l’importance du lieu de travail, des services, de la connectique.
Apprentissage du numérique : formations à développer. Les étudiants savent utiliser Google mais ils doivent encore apprendre à maîtriser une utilisation plus poussée du numérique.
Le projet : en amont, un chantier de redéploiement des collections est mené. Après ce chantier, un learning centre sera créé dans l’espace dégagé. Son modèle serait un peu celui de l’Imperial college. Enfin, il s’agira de moderniser par la suite les autres espaces de la BU.
Le contexte est favorable : l’institut ECRIN (institut du numérique de l’université) fera du learning center un de ses projets phare. Le projet est inscrit au schéma directeur et bénéficie d’une dotation du CG 92.
Deux étapes importantes : pré-programmation et préfiguration.
Plusieurs étapes : redéploiement des collections de SHS à l’été 2011 avec un financement de 4 millions d’euros.
2e phase : rénovation du portail documentaire, valorisation des ressources numériques par la formation.
Il s’agira aussi de consolider la coopération et de développer les partenariats avec l’université.
Collaboration avec les enseignants : si les responsables du projet sont déjà en relation avec eux et que les nouveaux services sont pensés en fonction de leurs besoins, la coopération avec eux ne débutera véritablement que dans la 2e phase du projet.
Le learning centre représentera 1/6 de la surface de la BU.
Le concept de learning centre est suffisamment souple et modulable pour pouvoir s’adapter à tous des contextes divers.
Table ronde : comment faire travailler ensemble bibliothécaires et enseignants sur un projet de learning centre ?
Claire Hanen (professeur d’université, directrice du service de formation à distance de Paris 10), Jean-François Maynier (co-directeur de l’Université numérique Paris Ile-de-France (UNPIdF) et chargé de mission TICE à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle), Françoise Cousseau (directrice du learning centre de l’ESSEC), Martine Bigot (directrice adjointe du SCD de Paris 10).
Françoise Cousseau : on travaille en écoutant les besoins de la communauté enseignante en amont des projets. Deux équipes ont d’ailleurs été fusionné : bibliothèque et équipe de l’ENT et des cours en ligne.
Dès le début du projet de learning centre, l’idée a été de faire du modulaire pour que les espaces puissent changer rapidement. Une salle de recherche silencieuse est en projet.
Jean-François Maynier : Learning centre : lieu des nouvelles façons d’apprendre des étudiants.
A l’UNPIDF, on réfléchit à des formations à la recherche documentaire pour les enseignants chercheurs. Les Urfist le font déjà mais il faut encore les développer.
Le numérique doit être au service de la pédagogie mais aussi au service de la recherche (les bibliothèques ne communiquent pas assez sur des outils indispensables aux chercheurs – logiciels de références bibliographiques).
Martine Bigot : l’enquête Libqual a été menée à Paris 10. Parmi les réponses des enseignants chercheurs ressortent des réponses sur un manque de confort des locaux, une absence de compréhension de leurs besoins par le personnel et un manque de services personnalisés.
Il faut commencer par former les bibliothécaires pour que nous apparaissions comme des experts. Pour certaines formations spécifiques, un partenariat a été noué avec l’URFIST afin de former les doctorants aux logiciels de gestion de références bibliographiques notamment.
Claire Hanen : l’articulation entre l’enseignement à distance et les learning centres passe par les biais des ressources dont les enseignants sont les producteurs. Les plateformes numériques sont des endroits réservés au monde universitaire clos mais il existe des ressources ouvertes (universitaires numériques thématiques notamment). Il s’agit de former les enseignants au fait que ces ressources existent.
Un participant dans la salle : Paris 3 : learning centre en projet à l’horizon 2020 de 10000 m². Pour l’instant, espace rénové de 1500m².
Une question a été posée sur les personnels qui ne voudraient pas passer au numérique.
A l’ESSEC, les prêts de livres papier ont augmenté depuis la création du learning center. Le lieu est plus attractif mais les supports sont complémentaires, même en économie.
Confirmé par le million de prêts à Kingston pour 20000 étudiants, face aux 200000 prêts de Nanterre sur 31000 étudiants.
[1] Ingénieurs pédagogiques : auparavant formés sur le tas, ils sont aujourd’hui diplômés. Leur métier consiste en un accompagnement des étudiants et des enseignants. Leur intervention va bien au-delà des outils. Il s’agit de concevoir une réflexion sur des scénarios pédagogiques.