Le deuxième semestre est désormais bien entamé et les élèves-conservateurs dont je suis sont submergés de travail. Le mémoire, tout d’abord, est à rendre au plus tard le 5 janvier. Parallèlement, nous travaillons en groupe sur une gestion de projet, que nous devrons également achever à la fin de l’année. Nous avons cours et chaque unité d’enseignement, chaque option, s’achèvera par une évaluation. Certains d’entre nous ont choisi de valider en plus un master professionnel, qui ajoute à ces mois déjà bien chargés trois unités d’enseignements et leurs travaux d’évaluation assortis. C’est peu dire que nous sommes occupés.
Qu’il s’agisse de la gestion de projet ou du mémoire, je suis frappée de constater à quel point la recherche documentaire a évolué. Quand j’étais étudiante, on partait à la BU en quête de documents, on lisait de bout en bout les livres et articles difficilement trouvés, on prenait des notes très précisément. Ce sont elles qui servaient de base à la rédaction future, elles étaient précieuses.
Aujourd’hui, et je le sais pourtant, la multiplicité des sources et des canaux sur la toile est impressionnante. J’ajoute dans diigo et dans zotero un nombre considérable d’articles, de pages web et de livres lus, à lire, à revoir pour les sujets sur lesquels je travaille. Il y aurait de quoi y passer des nuits entières. Le déluge informationnel ne date pas d’hier mais j’ai l’impression de devoir réapprendre à travailler. Je savais trier livres et articles lorsque j’étais étudiante, j’ai plus de mal à hiérarchiser les sources que je dégotte aujourd’hui. Beaucoup disent la même chose et pourtant beaucoup conservent un intérêt. Je trouve qu’il y a là un risque de passer plus de temps à organiser diigo et zotero (tags, notes, catégories pour fixer les souvenirs) qu’à se consacrer aux travaux eux-mêmes.
Le rythme imposé par l’école s’est considérablement accéléré au 2e semestre et il m’arrive de tonner contre, même si je sais que ce genre de période est propice à développer sa rapidité au travail. J’étais mal habituée, j’ai toujours eu la chance de pouvoir rédiger mémoires et autres travaux au long cours à des moments où je pouvais m’y consacrer pleinement. Cette fois, j’ai cours, je hante les journées d’études lorsqu’elles sont en relation avec mon sujet, je rencontre des professionnels. L’écriture, de fait, s’en trouve morcelée, reléguée aux soirs et aux week-ends quand il n’y a pas d’autres tâches urgentes. J’ai peur qu’on ressente dans le document final une impression kaléidoscopique, due à ces trop nombreuses coupures entre les plages de rédaction. Nous verrons bien.
J’aimerais, évidemment, disposer de davantage de temps pour les travaux dont je viens de parler. Il n’empêche, j’apprécie ce moment que le concours me donne. Avoir pu m’abstraire un temps du quotidien professionnel, de ses urgences et ses routines, est un luxe qui finira trop vite.