Le billet de Silvère Mercier sur ce qu’il appelle la dérive commerciale de l’édition a fait l’effet d’une petite bombe dans la paisible biblioblogosphère. L’ouvrage évoqué dans son billet est annoncé comme une réédition sur plusieurs sites professionnels, il fait 25 grammes de plus que le précédent (d’après les informations données sur le site d’un libraire consulté ce jour), l’ISBN est différent. Sauf qu’à la lecture, il semble que le contenu n’ait gère varié.
Cet exemple a particulièrement choqué car il touchait un domaine que nous connaissons bien. Pourtant, il est symptomatique d’une pratique très largement répandue. Quelques pages en plus, une illustration ou une couverture différente constituent de parfaits prétextes à la mention « réédition » alors qu’une fois le livre en main, on s’aperçoit qu’il ne s’agit que d’une réimpression déguisée. L’édition étrangère ne fait guère mieux et certaines presses universitaires vont jusqu’à changer le nom de l’éditeur scientifique d’une histoire littéraire pour la faire passer pour une réédition quand la quasi-totalité des notices, elles, restent les mêmes !
La question qui se pose pour les acquéreurs est d’éviter ces pièges. Or ils ne vont pas en librairie puisqu’ils passent par des fournisseurs choisis au terme d’une procédure de marché public et les bibliographies commerciales courantes ne permettent pas de déceler ces fausses rééditions. Avec le temps, les acquéreurs chevronnés finissent par « renifler » certains de ces faux nouveaux ouvrages mais ils en laissent passer beaucoup d’autres.
Comment faire alors pour acquérir de vraies rééditions quand d’autres tâches réclament ceux qui font les commandes ? Comment choisir à la fois correctement et efficacement ?
Alors que j’allais mettre ce billet en ligne, une autre question me vient : que faire si l’on n’acquiert pas une fausse nouvelle édition, parce que nous jugeons qu’elle n’apporte rien à celle que nous possédons, et qu’un usager vient s’enquérir de l’absence de ce document ? Si l’usager a la chance de rencontrer l’acquéreur, il aura instamment l’explication mais sinon il y a de fortes chances pour que sa suggestion soit notée et finalement achetée.
Les pierres d’achoppement sont décidément nombreuses…