Le titre de ce billet est une référence à cet article d’Olivier Ertzscheid, mais vous l’aviez reconnu.
Cet après-midi, je suis allée chez le médecin. Rassurez-vous, je ne vous entretiendrai pas de ma santé, quoiqu’elle fût un peu fragile ces derniers temps, avec ces températures hivernales, voyez-vous on attraperait froid… mais, disais-je, je ne vais pas vous entretenir de ma santé.
A peine assise dans le cabinet sur la chaise inconfortable du patient, sans doute pour que ce dernier ne tentât pas de s’y installer durablement – il y a des divans pour ça -, mal installée donc, je fus sommée par le praticien de lui remettre ma carte vitale, un peu comme ces malheureux livres dont le salut réside dans le seul code-barre.
Affichage de ma fiche et le médecin s’écria : « mais pourquoi j’ai une alerte sur votre fiche ? » Et moi de penser, rhôôô, on ne va pas commencer avec les métadonnées ! « Il faut que je trouve, disait le médecin en parcourant tous les champs de ma notice fiche. » Pas eu le temps de suggérer, « vous avez cherché du côté des données locales ? » quand le praticien rayonnant s’écria qu’il s’agissait des allergies. Et moi de me dire, ben va y en avoir des sous-champs…
Passé la consultation rapide, le médecin voulut enregistrer le prêt la visite sur ma carte lecteur Vitale. Las ! Le petit sésame vert dûment orné de ma trombine n’était plus à jour. J’ai donc dû courir à la pharmacie pour trouver la borne la plus proche, cela afin d’exemplariser l’édition mise à jour…
Après ce curieux constat, tandis que je marmottais consciencieusement « Tim Berners-Lee, sors de de corps ! », je me faisais la réflexion que si nous, les bibliothécaires, tentions de mettre sur pied des catalogues communs, l’administration, elle, multipliait les notices pour un document unique (Nom… Prénom….). Soupir…
Je me suis ensuite rendue à la lecture mensuelle de l’Oulipo, ce qui me met souvent en verve, mais vous l’aviez déjà constaté. Une belle séance avec un Hervé Le Tellier très en forme et un tantinet blasphémateur. A l’issue de cette heure trop courte, notre fringant HLT mit sur le banc-titre des tracts concernant les prochaines manifestations oulipiennes avant de présenter un livre. Et de nous dire « cet ouvrage d’un document… pardon d’un auteur ! », d’ajouter quelques mots puis de conclure « ce document… heu ce livre ! »
Bref, je voudrais, je supplie, qu’on ne prononce plus en ma présence le terme de « document » durant ce week-end de Pentecôte ! Non mais !