Voulant “forme[r] une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur“, JJR ouvre son premier blog, Les Confessions : “Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de son avatar ; et cet homme ce sera moi“. Son premier billet explique : “Je sens mon coeur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.” Il en fait des commentaires publics sur toute la blogosphère littéraire, à tel point qu’il s’en voit exclu. Traumatisé qu’on l’ait considéré comme un troll, il ouvre un deuxième blog Rousseau juge de Jean-Jacques dans lequel il peut à loisir prendre plusieurs alias et commenter lui-même ses billets. Sur le tard, il crée un dernier blog, Les rêveries du blogueur solitaire, composé de quelques longs billets plus apaisés. L’incipit du premier billet est d’ailleurs très célèbre, “Me voici donc seul sur la toile, n’ayant plus de contact de prochain d’ami de réseau que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des blogueurs en a été proscrit par un accord unanime.”
Victor H. s’essaie brièvement au blog (dès qu’il y a une nouvelle mode, il faut qu’il y tombe), ce qui nous vaut un véhément : “Prenez donc ce blog, et regardez-vous y. On se plaint quelquefois des blogueurs qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi !“
Marcel P., refusé par un certain nombre de maisons d’édition, décide d’ouvrir un blog. Il pense que son titre, A la recherche du temps perdu, était trop pompeux et décide d’appeler son blog Gossip guy. Son challenge : un billet, une phrase.
“Non mais vous imaginez Proust avec un outil comme un blog ?”
“Vous imaginez ?…” Oh que oui, cher taiseux bavard, j’imagine très bien…
Comment ça je n’ai pas parlé du blog de Gide ?