Après la traversée de la Chaîne et le passage du col des Roussettes, du nom de ces grosses chauve-souris si bonnes en civet, on gagne la côte Est de la Calédonie. Au contraire de l’Ouest austère avec ses plaines parsemées de niaoulis, la côte Est est luxuriante. La route jusqu’à Poindimié suit le bord de mer et émerveille toujours autant, même quand on l’a empruntée des années durant. A Poindimié, l’établissement qui nous accueille est très récent. La médiathèque du Nord a vu le jour en 2004. Elle a été conçue pour n’être qu’un seul et même espace, vaste et lumineux, de forme rectangulaire. De fait, l’agencement des collections est modulable à l’infini et la surveillance des usagers facilitée. Une grande cyberbase a également été installée.
J’y retrouve une copine du lycée, devenue bibliothécaire. Une autre tient un point-lecture en tribu. Comme quoi les littéraires des années 1990 investissent massivement le domaine de la lecture publique !
Les collections calédoniennes sont très bien mises en valeur. Sur des tables, des sélections sont disposées, parfois même ornées d’un bandeeau : « sera présent au SILO 2007 ». De quoi promouvoir, et l’auteur, et le salon.
Le SILO, Salon International du Livre Océanien, est l’événement phare de la fin de l’année. Avec, pour la cuvée 2007, des invités aussi prestigieux que John Coetzee et Dany Laferrière. A la demande du gouvernement de Calédonie, son organisation a échu a la bibliothèque Bernheim qui s’en acquitte fort bien. Il a traditionnellement lieu à Poindimié et les liens qui se tissent dans ce lieu éloigné de la trépidation de la capitale sont forts et précieux.
Cette année, pour des raisons contingentes, il se délocalise à Hienghène. C’est d’ailleurs le but du périple et j’en ai énormément appris durant ces deux jours en matière de politique d’animation.
La bibliothèque, à Hienghène, se trouve sise dans les locaux du centre culturel. Oeuvre de Jean-Marie Tjibaou, dont c’est la ville d’origine, le centre Goa Ma Bwarhat est composé de plusieurs cases.
La bibliothèque occupe l’une d’elles.
Au rez-de-chaussée la jeunesse et, sous la charpente, la section adulte. Une table avec des ouvrages calédoniens jouxte la banque de prêt. On reconnaît la patte de la « Méd Nord » aux bandeaux faisant la promotion du SILO ! En effet, Poindimié assure le service de décentralisation pour la province Nord.
Le réseau de lecture publique calédonien est unique dans le Pacifique. Les plus petites bibliothèques sont alimentées par le service de décentralisation. Poindimié gère le Nord, Bernheim le Sud et les Iles. Outre les livres et les CD, sont également proposés des expositions et des animations avec, si besoin, le matériel nécessaire (projecteur, etc.).
Depuis 1998, le réseau REDOCAL fédère la majorité des bibliothèques calédoniennes, et peu importe si elles n’ont pas la même tutelle ! Grâce à REDOCAL, le catalogage est partagé et un catalogue commun est en ligne. Ce « CCFR » calédonien est piloté par Bernheim. L’ancien directeur de Bernheim avait d’ailleurs rédigé à ce sujet un article pour le BBF.
La bibliothèque Bernheim est un établissment public de Nouvelle-Calédonie. Si je continue ma comparaison avec l’Hexagone, c’est une BnF.
Créée en 1905 à la suite d’un don de Lucien Bernheim, elle a une double mission : promouvoir la lecture publique et conserver le patrimoine. De fait, elle est dépositaire du dépôt légal pour la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Son site vous en apprendra plus si vous voulez prolonger ce périple calédonien…
Même si l’intérieur ressemble à « nos » bibliothèques, quel dépaysement pour les façades !!